port d’antifer

Un projet titanesque

Dès 1967, le gouvernement français réfléchit à l’implantation d’un port pour accueillir des pétroliers géants de 540 000 tonnes. En 1969, le choix se porte définitivement sur Antifer. Outre la proximité du Havre, où transitent alors quasiment la moitié des importations de brut, les conditions sont favorables. Les études géologiques révèlent la présence d’une bande sableuse large de 3 km, perpendiculaire à la côte, au droit de Saint-Jouin-Bruneval. Une digue principale longue de 3,5 km, enracinée par un chenal dragué, est conçue pour protéger des houles dominantes et pour donner le meilleur abri contre les courants.


En juillet 1974, à la suite de la construction de cette digue, les courants sont modifiés et emportent une masse importante de galets. La plage de Bruneval s’amaigrit drastiquement et, en quelques mois seulement, disparaît. Afin d’enrayer le problème, le Port Autonome du Havre construit en 1975 un perré pour défendre la valleuse et la maison construite à la place du Castel des Kroumirs.
La plage de Bruneval, longtemps utilisée pour la baignade, est définitivement détruite. À l’inverse, la route creusée au cœur même de la falaise de craie pour accéder aux terre-pleins du port permet la création de la plage de Saint-Jouin.

La digue principale longue de 3,5 km a été conçue pour protéger des houles dominantes de secteur nord et pour donner le meilleur abri contre les courants. Cette digue en talus constitué d’enrochement silico-calcaire est coiffée par une carapace en blocs cubiques de bétonde 12 tonnes côté port et 24 tonnes côté large.

La digue abrite deux appontements conçus pour des navires de 600 000 tonnes, reliés par des canalisations de grand diamètre aux réservoirs de stockage relais implantés en pied de falaise. Le pétrole déchargé au terminal d’Antifer, ne fait que transiter avant d’être stocké au Havre d’où les raffineurs l’utilisent selon leur besoin. Les gros pétroliers peuvent décharger leur cargaison à des débits très élevés, bien supérieur au débit de l’oléoduc de 26,5 km rejoignant le Havre. Les réservoirs d’Antifer servent donc de stockage-relais pour ne pas retarder le déchargement d’un pétrolier. Une petite digue abrite un port de service. En décembre 1969, la construction du terminal pétrolier d’Antifer fut décidée. La construction du port a duré 40 mois ; de mars 1973 à novembre 1975. La taxe professionnelle issue de l’activité portuaire d’Antifer constitue une ressource financière importante pour la commune.

Le premier choc pétrolier, puis le second, vinrent ternir les perspectives grandioses pour le terminal pétrolier d’Antifer. Depuis bien des années maintenant, sous-utilisé le terminal n’accueille plus aujourd’hui que 50 à 55 pétroliers l’année : un trafic 5 fois moindre qu’il y a 25 ans, soit encore le quart de sa capacité optimal (Antifer a la capacité d’absorber l’ensemble des importations nationales).

Reconversion et oppositions

Le 24 juillet 2001, le préfet de Seine-Maritime accorde le permis de construire pour un parc éolien de 5 éoliennes de 2,5 mégawatt chacune implantées à flan de digue en mer. Antifer, un des meilleurs sites éoliens de France, 5 éoliennes semi-off-shore, bénéficiant de la digue comme accès et éloignées de 3 km de la falaise auraient produit de l’électricité pour 37 000 foyers hors chauffage.

C’était sans compter avec l’opposition des autorités du Port Autonome du Havre (PAH) qui, arque boutés dans leur activité pétrolifère ont refusé le projet éolien d’Antifer.

Pourtant, expertises et contre-expertises de sécurité, validées par la DRIRE ont conclues à l’innocuité du projet et sa faisabilité. Malgré une adhésion locale et régionale très forte pour développer un parc éolien semi-off-shore sur ce site industriel déjà profondément modifié par l’activité de l’homme ; malgré un soutien unanime au projet éolien d’Antifer de la part de l’équipe municipale de Saint Jouin-Bruneval, le parc éolien d’Antifer n’est pas encore sorti de l’eau.